ATÂY
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Cette première semaine de Mai, il fait un temps à ne pas mettre un parapluie dehors sur le Pont Vieux qui enjambe le Gardon d'Alès.
Dans le jardin de Maman et Guy, la statue supporterait aisément un châle sur ses épaules de basalte.
Et la clématite pâlit son bleu à l'âme devant cette volte-face hivernale.
Il fait à peine tiède sous nos lainettes de demie-saison.
""ATÂY MOUJOUD"", le thé est prêt, rien de tel qu'un bon thé à la menthe pour y tremper les lèvres et les galettes à la cannelle de Maman. Elles sont un régal sans égal.
Un des secrets de ce bon thé divin, c'est qu'il est fait avec la menthe fraîchement cueillie dans le jardin. Et pas n'importe quelle menthe : Dans le jardinet de Maman, il faut différencier la menthe à tige vert-pâle de la menthe à tige foncée, beaucoup plus parfumée et réservée aux tea-time 5 étoiles...
On trinque une première fois, puis une seconde et une troisième en évoquant les anecdotes du bon vieux temps passé. Maman, c'est la mémoire riche et colorée de la famille.
Quand la théïère est vide et qu'il ne reste plus qu'une demie-galette dans l'assiette, on va respirer l'air frais sous les grands cèdres du jardin.
Thierry court en rase-mottes en se prenant pour un Bréguet Atlantique...
Ce bel escalier mène au grenier. Il y a tout là-haut une ambiance intime et nostalgique.
On y croise le souvenir de nos arrière-grands-parents Paul et Eugénie.
Et celui d'un chenapan croqué par son professeur de dessin. Salut Bérengère. 45 ans ont passé, pile poil, et le chenapan a depuis peu dépassé l'âge de son père quand il s'en est allé. Salut le père.
Et tout en haut du grenier, à l'angle nord-est de la maison, l'ancien bureau du chenapan où furent composés plus de lance-pierres que de grammaires latines. Guy en a fait depuis de longues années son perchoir d'où il peut se pencher sur le monde par l'immense fenêtre du web. Sur l'écran, un document écrit par Eugénie dans l'autre millénaire et que nous a adressé Michel voilà quelques mois : http://chiloedream.canalblog.com/archives/2007/03/29/4465044.html
En bas dans la grande pièce veille la statue de pierre. Là est l'âme de la maison. C'est toujours ici qu'on finit par se retrouver.
La cuisine est aussi un haut-lieu très fréquenté dans la maison, surtout par les femmes. On y rince les verres à thé en se demandant si baptisés à l'eau tiède et au paic-citron, ils sont capables de devenir croyants...
Dans la cuisine forcément, on consulte aussi des livres de cuisine. La recette très convoitée des galettes à la cannelle ne se trouve dans aucune encyclopédie. Elle est enfouie dans un vieux carnet à secrets culinaires, il faut passer de nombreux tests avant qu'elle vous soit révélée. Karinou est en passe de décrocher enfin le précieux Sésame...
On s'embrasse tendrement sous le N° 18. Saviez-vous que 18 est un nombre fétiche comme tous les nombres dont la somme des chiffres est égale à 9. Si vous habitez au 72, au 135, au 216... votre maison vous portera bonheur. Notre grand-père Gabriel disait qu'il fallait tenir compte lors de l'achat d'une maison, de sa position dominante conditionnant la vue alentour, et de son exposition au Sud. Si vous réunissez ces critères et que votre karia sied au 333 ou au 702, vous aurez du bonheur assuré dans la maisonnée...
On se quitte dans la senteur des Acacias blancs du chemin des Pins. Maman en offre un bouquet à Karinou avec en prime la recette des beignets à la fleur d'acacia, dernière étape avant le Sésame des galettes à la cannelle. Demain, on vous emmène chez Hélo la Marraine, seulement si vous êtes bien sages. Vous verrez aussi Thibault, Gabrielle, Sébastien, Julia, Mona. On fait une petite tournée familiale avant de s'envoler vers le Sud... Bon joli Mai à tous.
Jeudi 6 Mai à 17h10 : Deux photos spécialement réservées à AUDE :
La Rue des Cadets de Saumur à Rabat-Agdal en Février 2007. Sur la droite, le Lycée Descartes. Tout au bout, des immeubles blancs grand-standing ont remplacé le jardin disparu de notre enfance. Plus d'éolienne chère Titou, plus de petit pavillon sous les ficus et les jacarandas. Il reste quelques arbres plantés par notre Grand-Père Gabriel dans l'autre millénaire, perdus dans la cour intérieure de la résidence, survivants de notre chère et lointaine enfance.
D'autres jardins ont remplacé les vieux jardins de notre enfance. Nous avons suivi sur Google tes cailloux de petit poucet pour découvrir ton coin de paradis, votre maison et votre beau voilier. Savourons tous chaque instant de ce temps qui s'enfuit. Bises à vous deux.
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Bonnes petites menthes, bonnes petites cannelles, bon petit mois de Mai.
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